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EMOUVANTE JOURNEE d’HOMMAGE AUX DEPORTES CE 27 AVRIL EN PRESENCE de Jacques SAUREL QUI SUBIT LA DEPORTATION A l’AGE de 11 ANS

MERCI AUX ECOLIERS et à LISA LYCEENNE POUR LEUR PARTICIPATION
Publié le dimanche 27 avril 2014 par Y.B

Emouvante cérémonie du souvenir en hommage aux déportés. Merci à Jacques SAUREL qui fut déporté enfant (lire ci-dessous le texte d’Eric BARRIOL professeur au Lycée Boissy d’Anglas), merci aux écoliers et à leurs enseignantes, Merci à Lisa WINGERTER, lycéenne, merci aux anciens combattants, merci à Muriel et Serge pour la sonorisation et merci au public qui a partagé ce grand moment d’émotion.
Même si la lecture des textes fut un peu longue pour évoquer cette triste période où le monde a perdu de son humanité pour sombrer dans l’horreur absolue, on ne peut que regretter que certains n’aient pas eu la délicatesse d’attendre un peu avant de manoeuvrer leur voiture...

Il ne faut pas oublier comme l’a écrit Ingmar GRANSTEDT que la barrière entre l’humain et l’inhumain s’avère si fragile et se poser, la question de savoir quelle histoire lèguerons-nous à notre tour à nos descendants ?

Cette question ne mérite-t-elle pas qu’on prenne un peu de temps pour y réfléchir ?...

Jacques SAUREL a été touché par la présence des jeunes et par l’intérêt porté à cette cette cérémonie
La cérémonie a débuté par l’écoute de "Nuit et brouillard" de Jean FERRAT dont le papa est décédé en déportation
Belle implication des jeunes
Lisa WINGERTER
Channtha EPAL et Mélanie CHENEVIER
Irène PAIN
Stéphanie ARMISSOGLIO
Dépôt de gerbe avec Jacques SAUREL
Un long reccueillement
Lucien FANGET
Jacques SAUREL

Les écoliers de l’école publique Raymond AUBRAC ont lu un texte de Gaston Charvet, pour l’école St Joseph Julie a lu une lettre d’une enfant juive qui se trouvait à Drancy.
Mélanie CHENEVIER et Channtha EPAL ont lu un texte "L’impossible oubli" de la Fédération Nationale des déportés.
Stéphanie ARMISSOGLIO et Irène PAIN ont respectivement lu le Texte qu’Ingmar GRANSTEDT a écrit pour une « Rétro-perspectives » de Winfried VEIT et le texte Si c’est un homme de Primo LEVI.
Lisa a donné lecture d’un extrait de l’ouvrage de Jacques SAUREL et ce dernier a lu le message officiel.

En conclusion le maire a rappelé la nécessité impérieuse de connaître l’histoire pour que les jeunes générations ne reproduisent pas les mêmes erreurs :"

Il ne faut pas oublier, il ne faut pas taire l’indicible…

Il ne faut pas oublier, que les nazis sont arrivés au pouvoir par les urnes, à force de matraquer, d’utiliser le mensonge, la manipulation, à force d’ancrer suffisamment fort ces idées de haine, de rejet, de racisme et d’intolérance..."

Un enfant, victime de la barbarie nazie, témoigne, 70 ans plus tard.

Jacques SAUREL est né le 19 février 1933. Petit parisien, il est issu d’une famille d’origine polonaise ayant migré dans les années 1920, parfaitement intégrée dans la société française.
Quand la guerre éclate, son père, malgré ses quatre enfants, s’engage volontairement pour défendre la patrie qui l’a accueilli. Il est fait prisonnier et ne retrouvera sa famille qu’en 1945.
Jacques SAUREL appartient à une famille juive non pratiquante et ne comprend pas les insultes qui sont proférées contre lui à partir de juin 1942 quand il doit porter sur ses vêtements une étoile jaune le distinguant des autres enfants.
Les mesures de ségrégation adoptées par le régime de Vichy, dès le 3 octobre 1940, ne cessent de se renforcer et dans sa famille, on commence à parler de rafles et de départs massifs vers des destinations inconnues, ces opérations étant orchestrées par les autorités de Vichy collaborant à la déportation des Juifs voulue par les nazis.
En 1944, c’est au tour de Jacques, accompagné de sa mère et ses frères et sœurs d’être déporté d’abord à Drancy, en région parisienne, puis à Bergen-Belsen, dans le nord de l’Allemagne, près d’Hanovre. C’est à Drancy que Jacques verra arriver les enfants provenant de la colonie d’Izieu où ils étaient réfugiés, non loin de Lyon. Ces enfants arrêtés par le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, tortionnaire de Jean Moulin, seront rapidement envoyés à Auschwitz-Birkenau où ils seront exterminés.
Quant à Jacques et sa famille, c’est dans ce camp allemand, dit « de la mort lente » qu’ils lutteront pour survivre. Bergen-Belsen n’était pas conçu comme un camp d’extermination mais comme devant conserver des otages potentiels.
Il n’empêche que la mortalité est très élevée dans ce camp et que Jacques aura l’occasion de côtoyer la mort au quotidien. On ne meurt pas gazé à Bergen-Belsen mais l’épuisement, la faim, les maladies, le froid et les mauvais traitements déciment les déportés. A la libération du camp par l’armée anglaise, des milliers de corps jonchent le sol (des images de cette libération sont disponibles sur Youtube, filmées par les Anglais mais à réserver aux adultes).
Ces quelques paragraphes ne sont qu’un modeste résumé de l’histoire que Jacques SAUREL raconte aux jeunes à chaque fois qu’il les rencontre dans des écoles, collèges et lycées.
J’ai pu assister, aux côtés de Jacques SAUREL à 7 rencontres, échanges avec des élèves de première du lycée BOISSY-D’ANGLAS à ANNONAY. Chacune d’elles a été un après-midi d’intense émotion mais aussi l’occasion d’échanger sur la tolérance, l’amour, l’espoir, sans dogme, sans tabou avec la sensation qu’un homme de 80 ans peut avoir une proximité, une complicité unique avec des adolescents qu’il rencontre pour la première fois (même si certains reviennent l’écouter des années après avoir quitté le lycée).
Je pourrais citer de multiples témoignages écrits par des élèves après ces rencontres. J’ai fait le choix de cette phrase, écrite par Justine L. en 2010, et qui résume bien ce que ressentent les adolescents :
« M. SAUREL est un homme au grand cœur, aux valeurs magnifiques, qui, après tant de souffrances, est capable de retrouver un goût à la vie, capable d’avoir encore confiance dans la nature humaine, capable de rire et de faire rire… ».
Jacques SAUREL, comme tous les rescapés dans son cas, a attendu longtemps avant de parler de ce passé. Il faut dire que peu de gens en France voulaient entendre ce qui caractérisait ces « années noires » de l’histoire de France récente.
Aujourd’hui, accompagné de son épouse Françoise et à la demande de beaucoup d’établissements scolaires, en France comme à l’étranger, il consacre une grande partie de sa vie à aller à la rencontre des jeunes, des jeunes avec qui il aime partager ces moments intenses. Pour eux, ce contact direct rend cette page d’histoire beaucoup plus crédible.
Il a raconté son histoire dans un livre désormais aussi traduit en anglais, allemand et italien :
De Drancy à Bergen-Belsen, souvenirs rassemblés d’un enfant déporté, Editions Le Manuscrit.
Jacques SAUREL sera présent auprès d’environ 120 élèves au lycée BOISSY-D’ANGLAS le 25 avril 2014 et à Burdignes où il séjournera quelques jours, le 27 avril 2014.

Eric BARRIOL
Enseignant en histoire et géographie


Gaston Charlet dans Camp de concentration de Natzweiler-Struthof,

 Tenir » ce fut le verbe le plus conjugué par tous « ceux » de la concentration.
 « Tenir », c’était ne pas mourir de faim, en dépit de l’indigence des rations distribuées…
 « Tenir », c’était ne pas mourir de froid sur les chantiers, dans les carrières ou sous les tunnels balayés par la bise, les tourbillons de neige et les rafales rageuses de la pluie…
 « Tenir », c’était ne pas tomber foudroyé par deux coups de mousqueton tirés de quelques mètres, ou le foie éclaté par le poing meurtrier d’un kapo…
 « Tenir », c’était ne pas partir avec ses tripes, dans un recoin des latrines, parce que la dysenterie vous avait marqué de son signe…
 « Tenir », encore et par-dessus tout, c’était ne pas laisser le « cafard » s’installer dans les esprits, le défaitisme pénétrer dans les cœurs et le doute envahir les âmes.
 « Tenir », c’était penser : « Quand je sortirai de là » alors qu’on savait n’avoir qu’une chance sur cent d’en sortir.
C’était se dire : « Ils nous le paieront un jour » alors qu’on savait déjà qu’ils ne nous le paieraient jamais.
C’était affirmer : « Je n’ai pas faim » alors que la disette vous crochetait l’estomac ; « Je n’ai pas froid » quand on claquait des dents… « Je n’ai pas mal », en regardant les zébrures violettes que les lanières de la schlague avaient marquées sur vos bras et sur vos reins.
 « Tenir », c’était vouloir résister avec obstination, envers et contre tout, quoi qu’il arrivât, c’était garder sa foi et son moral autant que ses os, et la peau qui les recouvrait ; c’était rester fidèle à l’idéal dont on avait déjà pu mesurer qu’il était le frère jumeau du risque.
D’un risque susceptible de conduire au-delà même de la déportation, et qu’entretenait la hantise hallucinante de la mort.
 « Tenir », enfin, c’était « vouloir durer ».
Tous, ou presque tous, ont voulu.
Certains ont pu, d’autres pas.
Pour ses derniers, le destin sans doute, n’était pas d’accord. »

Texte d’Ingmar GRANSTEDT Dans « Rétro-perspectives » de Winfried VEIT 30 ans de peinture, sculpture, dessins


Masses alignées, appels interminables, multitude acheminée vers la destruction et l’effacement de tout nom. Evocation forte mais pudique, dans un immense respect des victimes. Aux visages et aux corps repliés, reflués en leur mystère intime, répondent ces flammes ténues qui s’obstinent…vacillent…s’éteignent…

Tout ici invite au silence.

Qui es-tu, toi qui regardes ? Un simple passant ? Un héritier de cette histoire au poids sans mesure ? Et quelle histoire lèguerons-nous à notre tour à nos descendants ? Nous faut-il aussi pour exister et vivre d’autres victimes, d’ici ou d’ailleurs ? Allons-nous les recouvrir encore de l’indifférence et du mensonge qui effacent tout nom ? Ou du mutisme venant de l’angoisse en retour qui n’ose se dire ?

Qui es-tu, qui sommes-nous pour être pris dans une histoire où s’avère si fragile la barrière entre l’humain et l’inhumain ? Qui sommes-nous, toi, moi, pour sentir certains jours clairs cette barrière se reposer en notre main ?

Tout ici invite au silence.

Silhouettes voûtées ou suspendues, nuques courbées, corps décharnés avalés par la nuit la plus noire des consciences… Et pourtant, oui, une étrange tendresse est là qui les enveloppe, comme pour les rejoindre et les accompagner. Regard du peintre à l’écoute du mystère de la vie qui en lui chuchote.

Tout ici invite au silence.

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