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LEGION D’HONNEUR POUR MEMONA

UN MESSAGE de FRATERNITE et d’HUMANISME. UN MESSAGE REPUBLICAIN .
Publié le mardi 18 décembre 2018 par Y.B

La ministre des Outre-Mer Annick Girardin a remis le grade d’officier de la Légion d’honneur à la Réunionnaise Mémona Hintermann-Afféjee.

Notre site est heureux de cette attribution à une grande dame dont les valeurs humanistes ont des racines profondes. Issue d’un milieu marqué par la pauvreté, après un parcours exceptionnel Mémona, fille de la République, met son talent et son énergie pour lutter contre les discriminations de toutes sortes et pour promouvoir un vivre ensemble plus que jamais nécessaire dans notre monde complexe et trop souvent très dur. Elle gardera toujours la "TETE HAUTE".

A bientôt à Vanosc, chère Mémona.

"Mieux vivre ensemble" et "Tête haute" des messages de Mémona
Mémona et des scolaires vanoscois le novembre dernier.
Une rue à Vanosc
Avec Miguel Angel Estrella à l’Annexe municipale en 2013
Soirée de La Vanaude

Le discours d’Annick Girardin

Chère Mémona,

Quel plaisir de passer ensemble ce moment. Quelle fierté aussi !
Etre à vos côtés aujourd’hui nous dit quelque chose d’essentiel : il n’y a pas de fatalité de destin.

Vous êtes la parfaite incarnation de l’idéal républicain, de cet idéal qui refuse le déterminisme social. C’est cet idéal qui est questionné en ce moment même par nombre de français et je l’entends. Trop longtemps le destin a semblé dépendre de la naissance ou de la chance alors que seuls le talent, l’effort et le mérite doivent permettre l’émancipation de chacun. Notre responsabilité est de l’entendre, et surtout d’agir.

Vous le savez, je reviens de votre île ou j’ai été au contact de réunionnais en colère.

Que m’ont il dit ?

Eh bien qu’ils voulaient sortir d’un carcan social qui n’était plus le leur. Ils m’ont dit qu’ils voulaient librement construire leur avenir et celui de leurs enfants. Ils voulaient tourner la page de l’infantilisation et de l’assistanat. Il m’on dit vouloir que leur horizon, enfin, se dégage.
Un mot englobe tout cela, ce mot, entre 2 marseillaise chantées sur des barrages je l’ai entendu, c’est le mot dignité.
Pour reprendre vos mots, ils veulent avoir la « tête haute ».

Cette demande est légitime, nous devons tous l’entendre, car je crois que sinon, à La Réunion comme ailleurs, c’est le vivre ensemble que nous abandonnerons…

Vous naissez le 19 janvier 1952 au Tampon, dans un milieu modeste. Votre identité plurielle, réunionnaise, métisse, vous la tenez de votre père indien et de votre mère créole d’ascendance bretonne. Vous êtes la sixième enfant d’une fratrie qui en compte onze. Très tôt vous connaissez des drames familiaux. Des drames qui ne font que renforcer votre esprit combatif et développer vos valeurs de partage et de solidarité. Bac en poche, vous subvenez aux besoins de votre famille en travaillant. Les « petits boulots » n’entament pas votre volonté de décrire le monde, de le déchiffrer pour les autres. Vous devenez, à la faveur d’un concours radio de l’ORTF, journaliste à l’âge de 19 ans tout en poursuivant vos études de droit.

Pendant 4 ans, vous multipliez les reportages pour l’antenne de l’ORTF de La Réunion. Et, c’est forte de cette expérience intense, que vous quittez en 1976 le « battant des lames et les sommets des montagnes » de La Réunion pour venir ici. Vous débutez votre carrière nationale en présentant le journal de FR3 Orléans puis rapidement en intégrant Soir 3 et la rédaction nationale de la chaîne. Depuis ce jour, vous n’avez cessé de gravir les échelons dans la profession.

Ce qui m’a frappé dans votre parcours, c’est que votre légitimité, vous l’avez acquise par le terrain. Il me serait impossible ici de dresser la liste des pays que vous avez parcouru en tant que grand reporter au service international de FR3. Mais nous avons tous en tête vos images de la chute du mur de Berlin, des guerres en Yougoslavie, de l’Afghanistan, de la Lybie, du Moyen-Orient, des élections américaines, de la Russie… Vous couvrez tous les évènements majeurs de la planète pendant près de trois décennies pour devenir un visage du quotidien des français.

Je veux croire que le métissage réunionnais est une de vos forces, que cette créolité et bien sur votre talent vont ont permis de vous intégrer dans des sociétés complexes et d’en comprendre les codes pour nous aider à mieux les déchiffrer.

Votre professionnalisme est reconnu tout aussi bien par vos pairs que par l’Etat français. Vous êtes nommée au grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur le 13 juillet 2000 et promue au grade d’officier dans l’ordre national du Mérite le 16 mai 2008.

Journaliste et grand reporter, vous n’en oubliez pas moins votre passion de l’écriture. Vous avez publié quatre ouvrages : une autobiographie « Tête haute », qui relate votre enfance à La Réunion ; puis trois livres coécrits avec votre époux, Monsieur Lutz KRUSCHE également journaliste et longtemps correspondant à Washington, Londres ou Paris du magazine allemand Der Spiegel.

Ainsi, « Quand nous étions innocents : un amour franco-allemand », revient sur vos deux parcours hors norme, notamment votre rencontre en 1989 en Pologne à l’occasion d’un voyage officiel de François Mitterrand.

Suivent ensuite « Ils ont relevé la tête : des histoires qui nous aident à vivre », pour lequel vous recevez le prix « Livre et Droits de l’Homme » de la ville de Nancy, et « Une vie peut en cacher une autre ». Ces deux livres constituent des pamphlets pour l’optimisme et contre le déterminisme, plus que jamais d’actualité.
En 2012, vous remportez le Grand Prix international de la presse étrangère à Paris, qui vient couronner l’ensemble de votre carrière.

Et c’est tout naturellement qu’en 2013, vous êtes nommée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Vous êtes ainsi la première femme réunionnaise à accéder à une telle responsabilité : en tant que « présidente du groupe de travail pour la cohésion sociale », vous oeuvrez pour la représentation de la diversité française sur les écrans, défendant le droit des femmes, l’utilisation de la langue française – un autre de nos combats communs – ou encore l’impérieuse et indispensable éducation aux médias de la jeunesse.

J’ouvre ici une parenthèse : je crois que notre société n’a pas complètement mesuré les conséquences de l’information totale et pour tous. Nous pouvons aujourd’hui tous, en un clic, croquer la pomme du savoir, mais sans savoir la digérer.
Nous avons besoin de passeurs, de guides…

Notre jeunesse doit être accompagnée pour que la surinformation ne désinforme pas, pour que le savoir et la connaissance continuent à tisser le lien de la confiance, pour que jamais des esprits malsains ne puissent l’influencer en la faisant s’échouer sur les rives de l’humanité…

Chère Mémona, c’est une offre que je vous fais : engageons ensemble une action volontaire auprès de cette jeunesse d’outre-mer, puisque nous sommes dans cette maison, pour éviter ces écueils et permettre son émancipation par le savoir.

Je me permets de vous faire cette proposition, car je sais qui vous êtes : engagée, toujours volontaire, sans jamais vous départir de votre optimisme, vous ne refusez aucun défi et accepterez donc, je l’espère, celui-là !
Votre dynamisme, je peux en témoigner par votre implication sans faille lors des Assises des outre-mer. Malgré un emploi du temps des plus chargés, vous vous êtes toujours rendue disponible, de la première à la dernière réunion de travail.

Je ne devrais pas le dire, mais vous faites partie de celles et ceux qui, au sein de l’Equipe projet ultramarin (EPUM), ont été les plus investis. Vous avez constamment cru à cet exercice citoyen et aux projets qui pouvaient en découler. On voit aujourd’hui comme ces consultations étaient indispensables. Je fais sans problème le lien avec la société de la surinformation, qui paradoxalement isole et banalise.

C’est pour cela que nous avons fait le pari pendant les Assises des outre-mer de redonner la parole à ceux qui ne la prennait plus, nous avons collectivement eu une intuition qui je crois était la bonne !

Chère Mémona, ces quelques mots sont loin de refléter toute l’étendue de votre parcours. Vous incarnez l’outre-mer des solutions. Vous êtes une professionnelle reconnue. Vous avez fait voyager l’identité créole aux quatre coins de la planète. Et avec tout ça, vous avez su rester humble, accessible, ouverte sur les autres et le monde.

Votre identité plurielle rend la France encore plus belle. Soyez fière. Votre famille et vos proches le sont. Nous le sommes et je le suis. Madame Mémona HINTERMANN-AFFÉJEE, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous faisons officier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.


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