Retour au Pays des gauchos
Pouillas, c’est le bercail de ma maman. Mais ma maman, même si elle aime bien les vaches, elle a décidé d’aller voir les poissons du pays. Elle a donc fini par rencontrer un grand voyageur et s’est retrouvée en Argentine.
Sa fille, ou moi-même, avait 4 ans. De 1998 à 2002, le pays des gauchos a été mon jardin d’enfance. Douze ans plus tard, je saisis l’opportunité qui m’est donnée, via une année à l’étranger imposée par mon école, pour revivre une année à Buenos Aires.
Après un semestre universitaire dans la capitale et plus de 3 mois de voyages, j’ai pris mes marques et commence donc mon récit pour vous faire découvrir cette immense contrée de l’autre côté de l’Atlantique.
L’hiver à l’envers... en juillet
Juillet 2014. Atterrissage de l’avion : ok. Pour le mien il faudra un peu plus de temps. Je m’installe dans ma nouvelle demeure. Casa Kaixo. Belle maison traditionnelle « chorizo », ancienne auberge de jeunesse, 11 chambres, bonne ambiance. Tout ça à deux pas de la « 9 de Julio » _ plus large avenue du monde (140m, pas de quoi en faire tout un plat hein…) _ et du fameux « Obelisco ». Quartier des affaires, pas vraiment fou mais super bien desservi. J’arrive donc en short-débardeur… autant dire que je vais vite regretter le manteau laissé au pays parce qu’en Argentine il fait toujours chaud non ? Ben non. Et là c’est l’hiver.
Une fac cool...Mais beaucoup de taf perso. Pause Maté
Oui, parce que tout est inversé par rapport à la France. On reprend donc les cours début août, au milieu de l’année scolaire, ce qui ne pose pas problème pour nous parce que l’université fonctionne par semestre. Je vais à la UNSAM (Universidad Nacional de San Martin), avec trois autres filles de mon école en France. « Super bien placée », dans une commune craignos hors de la capitale, on met seulement 1h-1h30 pour y accéder (métro puis train). D’accord, on n’y va que trois fois par semaine mais quand même.
Le bâtiment central du campus, le « tornavia », est un ancien atelier de réparation de trains. J’aime beaucoup ma nouvelle fac (qui a à peu près juste mon âge, 20 ans), très innovante, artistique, pleine de fric… de l’Etat. Dans cette fac en particulier, on n’étudie pas comme en France : dix heures de cours par semaine mais le triple passé ensuite à lire les textes originaux étudiés à la maison, cinq élèves pour trois professeurs, la moitié de mes camarades plus vieux que les profs, petite blague sur le football placée à n’importe quel moment du cours, le maté (thé traditionnel bu avec une paille nommé « bombilla » dans une calebasse) qui fait le tour de la classe…
Une vie culturelle intense
Copains d’enfance revus. Camarades - bientôt amis- rencontrés. C’est le moment de découvrir la vie nocturne, culturelle, revendicative de la capitale argentine : cumbia à gogo dans les « boliches » (boîtes de nuit) jusqu’à midi ; milongas pour prendre des cours de tango -LA danse par excellence du pays -qu’on retrouvera Plaza Dorrego (San Telmo) tous les dimanches soirs dans sa forme moderne (jeunes et grandes personnes, couples du même sexe, styles aussi variés qu’une palette de couleurs, pas revus par chacun avec fioritures…) ; ciné, spectacles (avenue Corrientes), pièces de théâtre ou d’opéra (notamment au magnifique Teatro Colon) ; festivals (dont bien sûr celui du tango) et fêtes en tout genre souvent organisés par la ville, envahissant les rues et les nombreux parcs (Jour de l’Immigration, Fiesta Criolla…) ; musées (Musée d’art moderne MAMBA, Musée de l’humour, Musée Evita Perón…) ; ferias (de San Telmo, de Mataderos…) ; visites guidées diverses ; lieux d’histoire (Casa Rosada ou maison du gouvernement, ex-ESMA où les opposants à la dictature des années 70 étaient torturés…) ; sans compter toutes les activités proposées dans les dizaines de centres culturels ; manifestations et rassemblements, en permanence (des vétérans de la guerre des Malvines Malouines, des Grands-mères de la Place de Mai, des peuples indigènes, des dizaines de groupements politiques d’opposition… pour La Vérité, la Justice et la Mémoire, pour la Vérité sur l’affaire Nisman, pour soutenir le gouvernement de Cristina Kirchner…). Mouvement perpétuel dans lequel on est plongé lorsqu’on vit ici.
Buenos Aires...Et la Boca
Buenos Aires, ville immense avec ses 3 millions d’habitants intramuros (14 pour l’agglo), à découvrir à travers ses différents quartiers : San Telmo, Palermo, Nunez, Belgrano, Abasto, Almagro, Recoleta, Puerto Madero, Monserrat, La Boca… La Boca, où tout a commencé. La Boca, quartier coloré mais seulement en façade. La Boca, quartier qui restera mythique ne serait-ce que parce qu’il est celui du fameux club de football Boca Juniors et de son stade, le plus chaud du monde, la Bombonera. Club dans lequel jouera un temps Maradona, l’homme à la main de Dieu, et qui incarne la passion du ballon rond chez les Argentins. Si n’importe quel match fait battre les cœurs les « superclasicos » Boca Juniors /vs/ River Plate ou la coupe du Monde, avec en vedette le Messi(e) national, font vibrer tout le pays.
Clichés or not clichés.. .
Si on résume, les clichés de l’Argentine sont… le foot donc, le maté, le tango (même si les deux derniers sont réclamés par les Uruguayens…)… auxquels on peut ajouter : les empanadas (sortes de chaussons fourrés à la viande, au jambon e et fromage, etc, qu’on trouve à tous les coins de rue) et l’asado (gros barbecue qu’on prépare pendant des heeeeures, avec leur si bonne viande), le dulce de leche (confiture de lait plus épaisse et foncée, omniprésente) et alfajores (LES biscuits d’ici)…
Les Argentines sont petites, élégantes, avec de longs et beaux cheveux. L’Argentin est macho et bien lourd. Il est « chamullero » (dragueur-menteur… sorte de beau-parleur) et passe son temps à lancer des « piropos » aux filles dans la rue (compliments souvent chuchotés, à l’origine assez agréables à entendre mais la pratique s’est assez dégradée semble-t-il : on est passé du simple « jolie » ou « attention, au soleil les bonbons fondent » aux sifflements/klaxon/ « qu’elle quelle beauté » avec un air « je vais te bouffer »…).
Attention, ce sont, comme je l’ai dit, des clichés. Il y a donc souvent un fond de vérité, mais à relativiser, parfois largement selon les personnes.
D’ailleurs la population est un mixte d’autochtones amérindiens, d’immigration du XIXe siècle (italiens, espagnols, français, russes…) et actuelle (boliviens, péruviens…), ce qui rend difficile une généralisation. Les porteños, soient qui sont les habitants de la capitale, n’ont en plus rien à voir avec les ceux des provinces.
- Mélanie et ses amies