Merci à Muriel pour la sono et à Jean-Claude pour les photos.
Le mot du maire
« La dénonciation du nazisme n’a de sens que si elle s’accompagne d’un combat acharné, sans la moindre compromission contre les formes actuelles de résurgence de cette idéologie de mort »
Les diverses fédérations qui ont signé ce communiqué ont raison d’insister sur ce point.
Si on regarde ce qui se passe dans certains pays non loin de la France, la misère et les énormes difficultés sociales aveuglent comme dans les années 30 en Allemagne et les extrémistes arrivent au pouvoir…
On ne peut qu’être effrayé de voir la première manifestation fasciste dans le centre de Varsovie depuis 1945.
Chemises noires, brassards… Comment ne pas penser aux défilés des années 30 , aux défilés des nazis.
Quelles que soient les difficultés sociales , les souffrances… Il faut faire autrement comme le disait Jean Ferrat, ne pas se laisser guider par des idées de haine, d’intolérance et de racisme.
Les jeunes générations n’ont pas besoin de cela…
- Dernière préparation avant la cérémonie.
Poème lu par les élèves de l’école publique R.Aubrac
« Strophes pour se souvenir »
Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
Louis Aragon , Le Roman inachevé, 1956
Poème lu par les élèves de l’école St Joseph
Ce que j’ai encore à vous dire
J’avais seize ans
et j’étais insouciant.
Des études très belles
et des amours éternelles
Puis,
C’ est la guerre
C’est la misère
C’est l’aventure
C’est la capture
C’est Drancy
C’est fini !
J’ai eu vingt-deux ans
J’ai perdu mes amis
J’ai perdu la belle vie.
*****************
Je suis revenu après deux ans
J’avais cinquante ans
à vingt-quatre ans.
A vingt-sept ans
J’ai recommencé une nouvelle vie
Et repris mes vieilles manies
Avec un nouvel amour
Cette fois pour toujours
J’ai raconté à mes deux filles
le triste sort de ma famille
Sans oublier ma pauvre vie
Pendant ces deux années
Que les nazis m’avaient volées
**************************
Pendant plus de quarante ans
Je n’ai plus rien dit
Non, ce n’était pas un oubli
Mais je ne peux plus rester indifférent
A ce qui nous vient aujourd’hui
Aujourd’hui
c’est la renaissance
du racisme
c’est l’espérance
du fascisme
Ils sont de retour, à nouveau
Tous ces anciens fléaux !
Aujourd’hui
J’ ai soixante-quinze ans
La colère me retourne les sangs
Aujourd’hui je dois m’exprimer
sans rien vous épargner
J’ai peur que toutes nos souffrances
soient bientôt oubliées
grâce à ce long silence
qu’on vous a si bien inculqué.
Serge Smulevic
20 avril 1996